Parmi les concepts de management développés au sortir des trente glorieuses, il en est un qui reste particulièrement applicable pour maximiser les chances de réussite d’un projet. Ce concept, c’est la sociodynamique, littéralement « le mouvement par les hommes ». Mais de quoi s’agit-il exactement?

Génèse de la sociodynamique

A l’origine de la sociodynamique, il y a les travaux de Jean-Christian Fauvet, consultant du cabinet Bossard Consultants. La crise de mai 68 marqua Jean-Christian Fauvet. Ses travaux portèrent donc sur l’analyse des conflits et des tensions sociales et la dynamique des acteurs dans les groupes d’individus.

Processus de négociation, rapports de force, relations de séduction, jeux d’acteurs, … Toute la palette relationnelle sera analysée pour construire la pensée sociodynamique. Son application concrète dans les organisations, notamment en entreprise, sera illustrée dans le livre « la stratégie du projet latéral » de César et D’Herbemont et portera le nom de stratégie des alliés.

Elle vise à réussir le changement, c’est à dire le mouvement, y compris lorsque des forces s’y opposent, ce qui est systématiquement le cas, question de physique !

Qu’est ce que la stratégie des alliés ?

La stratégie des alliés peut s’appliquer chaque fois qu’un projet impacte différents groupes d’acteurs. Son objectif : optimiser l’énergie dépensée à convaincre et embarquer une équipe dans un projet de transformation.

Plus généralement, elle permet d’identifier les personnes sur lesquelles s’appuyer pour insuffler un changement. Deux critères sont prépondérants pour cette identification :

  • l’antagonisme : c’est le niveau d’opposition à la transformation
  • la synergie : c’est la volonté de coordination, donc d’engagement et de coopération avec les autres

On peut alors dresser une carte des partenaires en fonction de ces 2 critères.

3 grandes familles ressortent de cette analyse :

  • D’un côté les alliés motivés et peu opposés : ils sont soit militants soit soutiens critiques (et constructifs).
  • De l’autre côté, les opposants, voir même irréductibles dans le pire des cas.
  • Au milieu, une majorité d’hésitants qui peuvent aussi être passifs ou déchirés.
Sur qui vous appuyer pour réussir une transformation ?

L’idée n’est pas de mettre les personnes dans des cases, ce qui n’aurait pas de sens. Mais savoir identifier ceux sur qui s’appuyer et en qui investir du temps est indispensable dans un processus de transformation.

En effet, lorsqu’on souhaite la réussite d’un projet, quelle quoi soit l’origine de sa motivation, la tentation est grande de vouloir convaincre les opposants. Porté par notre crainte de l’opposition et le besoin de se sécuriser face au risque de statu quo, ce réflexe naturel s’avère pourtant chronophage sans avoir démontré son efficacité.

Si vous devez porter le changement, un conseil, n’essayez pas de convaincre les opposants ! Mais bonne nouvelle, vous pouvez vous appuyer sur les constructifs pour avancer avec vous et mettre l’ensemble en mouvement. C’est la stratégie gagnante, celle du triangle d’or.

Comment se comporter concrètement ?

Faire l’état des forces en présence et établissez votre stratégie de communication.

Les constructifs

Ils sont engagés par nature et sont vos plus précieux alliés. Suffisamment autonomes pour émettre des critiques sincères, c’est sur eux que votre énergie doit se focaliser. Leurs craintes dissipées, ils deviendront vos meilleurs ambassadrices et ambassadeurs. Ils pourront ainsi expliquer à leur tour les avantages du changement et rallier des partisans, majoritairement des hésitants, passifs ou déchirés.

Les militants

Il ne faut pas trop s’appuyer sur les militants pour convaincre les hésitants. Il peuvent être perçue par ces derniers comme des béni-oui-oui, leur absence d’antagonisme étant souvent considérée comme de l’aveuglement. Vous pouvez cependant tirer d’eux une force et une positivité qui donnera l’énergie du changement.

Les hésitants

Malgré une tendance de fond à la bipolarisation, les hésitants constituent toujours une majorité. « Ni pour, ni contre, bien au contraire », ils constituent votre seconde priorité. Appuyez-vous sur les constructifs pour que les idées fassent leurs chemins.

Les déchirés

Les déchirés sont intéressants à rallier, car susceptibles d’attirer d’autres opposants (avec qui ils sont alignés sur cet axe). Ils savent se remettre en question et prendre du recul sans concession. Identifier un leader déchiré, le mixer avec des constructifs pour qu’il participe au chantier et obtienne de la reconnaissance peut être une stratégie gagnante.

Les passifs

Désengagés tout en état conciliant, il sont difficiles à convaincre. S’il existe une dette commune dans le groupe, vous pourrez tâcher de la résoudre au travers du projet. Si les raisons des désengagements sont propres à chacun, il vous faudra adresser de nombreuses dettes psychologiques et, malheureusement, vous n’en aurez certainement pas le temps.

Les opposants

Une fois la majorité des hésitants ralliés, les avis au sein des opposants se scindent en deux, une partie ralliant la majorité. Pour la partie du groupe qui ne basculera pas en faveur du projet, ne pas relâcher les efforts d’explication et d’inclusion, même si la participation n’est pas toujours positive. Le risque serait de les voir chuter vers les irréductibles.

Les irréductibles

Les irréductibles sont souvent opposés à un projet pour l’une des trois raisons suivantes.

  • Par principe relationnel : on ne peut exister qu’au travers de l’opposition et tout projet ou toute idée émis par un tiers doit être rejeté.
  • Par dogmatisme : les blocages issus de doctrines sont encore nombreux.
  • Parce qu’ils ont raison : l’amélioration est infinie et commence par soi, il n’est pas trop tard pour faire marche arrière

Quelle que soit la nature de leur motivation, vous n’arriverez pas à convaincre les irréductibles. Il faut vous faire une raison, composer avec et rester à l’écoute car leurs critiques peuvent être constructives.

Vous avez des difficultés à voir où concentrer vos effort, échangeons !