Le salaire ne peut représenter à lui seul une motivation, même s’il peut constituer une source d’insatisfaction importante. Le travail n’est pas une valeur morale, inutile de compter sur cette dernière pour motiver vos équipes. Mais alors, qu’est ce qui nous fait courir?

 

Le bonheur comme but

 

Ce que nous en dit la philosophie

Si les courants de pensée divergent sur notre capacité à atteindre le bonheur, la grande majorité s’accorde à dire qu’il est le but de toute vie humaine. Pour Aristote: « Le bonheur est le Souverain Bien, ce en vue de quoi nous faisons tout ce que nous faisons. Il est le but ultime de toutes nos actions, qui ne sert de moyen pour aucune fin ou bien ultérieur(e). Il est donc encore une fin parfaite, qui n’est jamais moyen pour autre chose. On ne veut pas être heureux pour autre chose que le bonheur lui-même ». Tout est dit.

Plus récemment, André Comte Sponville en fait une brillante démonstration dans sa conférence sur le bonheur au travail. Car le travail peut procurer du bonheur, certainement pas un bonheur continu, mais une capacité à se réjouir au cours de sa journée.

 

Tous en quête

Quelques soient nos actions, nous sommes tous en quête du bonheur. Il n’y a pas d’exception à cette règle, de la plus bienveillante des infirmières au plus toxique des managers, nous  recherchons tous notre épanouissement. Le désir de s’accomplir, fantastique force motrice, peut pousser certains à se surpasser, d’autres à écraser, mais l’objectif personnel est le même, s’approcher du bonheur.

 

Travail = bonheur : une équation insoluble ?

 

Des origines douteuses…

La tâche d’un dirigeant paraît donc simple : rendez vos salariés heureux, ils seront motivés et votre entreprise sera performante. Il subsiste cependant un problème : a priori, travail et bonheur ne font pas bon ménage.

En effet, le mot travail tire son origine du latin trepalium, croix de bois servant à immobiliser une personne pour la soumettre à la question. Jusqu’au XVIème siècle, travailler signifiait tourmenter, souffrir. Instinctivement, ce n’est pas la représentation que l’on se fait du bonheur. Les anciens écrits présentent aussi le travail comme un châtiment que ce soit dans la mythologie ou la Genèse.

 

La notion de sens

Le travail traîne donc un lourd passif, punition divine pour expier nos crimes d’Hommes. D’où la difficulté du métier de manager, dont le travail consiste à faire travailler les autres ! Tout le monde est en effet d’accord pour être heureux, le consensus est moins large pour travailler. Car le travail n’est pas une fin en soi, ce n’est pas un but. On ne travaille pas dans le seul but de travailler, de s’occuper; ce comportement tient plus d’un irrépréhensible refus d’oisiveté que d’une quelconque motivation.

Le travail reste un donc moyen de satisfaire un besoin et de tendre vers le bonheur. Pour y parvenir, il  est indispensable qu’il ait un sens qui anime cette recherche et nous motive.