Le terme « posture managériale » est devenu au fil des ans en une liste des qualités qu’un manager se doit de posséder, se transformant bien gentiment en inventaire à la Prévert. Objectif inatteignable, il a progressivement perdu toute signification. Revenons donc à l’essentiel et parlons tout d’abord de posture physique.

 

« Au travail, il faut être sérieux »

Il manage des équipes techniques depuis près de 20 ans.

Il se tient toujours droit, à la limite de la rigidité. Comme un i disent certains, comme une planche à repasser disent d’autres.

Il ne sourit pas, ou alors très peu. Autant dire que lorsqu’il pointe à la commissure de ses lèvres, ce sourire est équivalent à une grosse poilade pour le commun des mortels. On devine les échanges qui se murmurent dans son dos : « Ouah il a souri !!! Il s’est coincé les doigts dans la porte le chef ou quoi ? ».

Forcément, cette attitude de rigueur et de fermeture a toujours créé une distance avec ses équipes. Jusqu’à récemment, tout le monde s’en accommodait, car sa maîtrise des sujets techniques est grande et respectée.

Oui mais voilà, aujourd’hui ce n’est plus une distance, c’est un gouffre. La donne a changé. Il y a 15 ans, une équipe s’adaptait à son manager. Aujourd’hui, un manager doit s’adapter à ses équipes. Et cette rigidité ne passe plus.

Gare au décalage !

Pourtant, chaque fois que j’échange avec lui en tête en tête, je vois dans ses yeux une étincelle. L’étincelle de la malice, celle du mot d’esprit drôle à s’en lécher les babines, celle de la déconnade version XXL. Je ne peux m’empêcher de penser qu’il joue un rôle.

Je dois en avoir le cœur net. Je l’interroge sur sa vie en dehors du professionnel, et là, c’est un autre homme qui s’ouvre. Un sourire à croquer la vie à pleine dent, une excitation mal contenue. Car cette concentration à maîtriser son image n’existe pas passé la porte de l’entreprise. Au boulot, il joue un rôle qui n’a pas été écrit pour lui.

Je creuse… Depuis son enfance, on lui a appris que le travail, c’est quelque chose de sérieux. On n’est pas là pour rigoler. « Si tu veux réussir, tu dois, Avant Toute Chose, montrer ton professionnalisme ». Ces quelques mots résonnent encore dans sa tête. Alors il s’applique à chaque instant à renvoyer une image de rigueur et de sérieux.

Ce qu’il n’a pas perçu, c’est que cette dissonance entre son caractère profond et le personnage qu’il joue, d’autres l’ont ressentie. Il est souvent démasqué, sans pour autant être pris à parti ni se départir de son rôle. C’est bien là tout le problème.

Pour finir, il renvoie une image insincère. Il se met donc lui-même dans une position où la confiance ne peut être installée avec ses équipes.

Miser sur la sincérité

Se pose alors la question : pourquoi jouer la comédie si l’on veut établir une relation de confiance avec une équipe ?

Un manager a le droit d’être en colère (pas tout le temps bien sûr), il a le droit de rigoler avec les équipes (c’est même conseillé), il a le droit d’avoir des doutes. En résumé, il a le droit d’être humain.

Ce qui prime, c’est la sincérité, l’honnêteté. La posture physique doit donc retranscrire qui vous êtes et comment vous êtes. Les faux-semblants finissent toujours par être démasqués, autant miser sur la confiance comme fondations des relations avec ses équipes.

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